Malestroit-Josselin. L'étrange machine qui recycle les routes

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Depuis quelques semaines un étrange et monstrueux convoi sillonne la route qui relie Josselin et Malestroit (RD 4 et RD143) et sur laquelle se déroule un important chantier de réfection et de sécurisation. Cet engin permet de « déstructurer » la route -c’est à dire de broyer la chaussée sur plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur- puis de réutiliser les matériaux déchiquetés en les mélangeant avec un liant. Enfin, à l’arrière la machine étale ce mélange qui est aussitôt compacté par un rouleau compresseur. Il ne reste plus qu’à recouvrir d’une géogrille pour éviter le fendillement et de réaliser l’enrobé définitif. Ce convoi se compose donc d’un camion qui apporte l’eau nécessaire au mélange, de la machine dotée de disques de broyage à l’avant et d’une véritable centrale à béton miniature à l’arrière.

Cette technique n’est pas totalement nouvelle puisqu’elle a déjà été mise en oeuvre dès 2009. Mais jusqu’à présent, il s’agissait de petites portions afin d’affiner le procédé et d’en corriger les défauts. Aujourd’hui elle a atteint un niveau opérationnel qui a permis de l’utiliser à grande échelle, pour la réfection de plusieurs kilomètres de route entre Josselin et Malestroit. Ce mardi matin, une visite d’une portion de chantier de 4 km entre Lizio et Le Roc-Saint-André était organisée pour présenter la machine en plein travail.

Au-delà de la prouesse technologique, d’autres enjeux se profilent derrière le recours à ce procédé. Le conseil départemental du Morbihan permet aux entreprises participant à des mises en concurrence d’intégrer des « procédés techniques alternatifs, soucieux et respectueux de l’environnement » mais également « économiquement réalistes et raisonnables ». « Innover, c’est bien, mais on ne veut pas payer les pots cassés », résume Gérard Pierre, vice-président du conseil départemental. Le recyclage des matériaux de la chaussée évite d’utiliser des « matériaux nobles ». C’est une démarche qui s’inscrit dans une logique de développement durable et d’économie des deniers publics. « Cette technique est désormais suffisamment au point pour offrir une solution économiquement viable sur 20 ans », commente Xavier Domaniecki, directeur des routes au conseil départemental.

Mais attention ce procédé n’est pas utilisable partout, il est fonction de la nature des matériaux en place. La bonne gestion des deniers publics est donc une autre motivation du département. Cela se traduit par une action au niveau des chantiers proprement dit, en optimisant leur réalisation. Ainsi, sur le chantier de la RD4, la pose de tous les fourreaux nécessaires notamment au passage de la fibre optique est prévue, de même que la réalisation d’une BDM (bande dérasée multifonctionnelle). Celle-ci est réalisée des deux côtés de la route et, comme son nom l’indique, joue plusieurs rôles. En réduisant légèrement la largeur de la chaussée, elle incite les automobilistes à lever le pied. Un phénomène qui a été mesuré sur une autre portion de route. Elle facilite aussi la circulation des engins agricoles en offrant un débord et enfin elle permet la circulation des piétons et des deux-roues, même s’il ne s’agit pas d’une piste cyclable.

Enfin, la bonne gestion des deniers publics c’est aussi une stratégie globale. Ainsi, chaque année, le département débloque une enveloppe destinée aux travaux routiers (en général de 35 à 40 millions d’euros). Si les travaux prévus, ne consomme pas toute la somme, la différence n’est pas reportée mais injectée dans de nouveaux programmes de travaux. C’est ainsi que le chantier entre Josselin et Le Roc-Saint-André a été lancé avec un an d’avance, grâce aux économies réalisées sur l’enveloppe annuelle…

VIDEO. La machine en marche


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