Missiriac. Les producteurs de lait veulent des mesures "tout de suite"

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La rencontre entre les agriculteurs et les responsables de la société SODIAAL-Entremont a donc bien eu lieu. Au départ la raison de la discorde était locale. Les producteurs réclamaient des explications sur les différences de prix auquel était payé le lait d’un collecteur à l’autre sur le secteur. Ce sont ces explications que sont venus leur apporter le directeur coopératif régional SODIAAL, mais aussi Pascal Nizan et Philippe Charlotin, administrateur de la coopérative et eux-mêmes producteurs. Un entretien en plein air auquel participait le maire de Missiriac, Jean-yves Laly ainsi que Thierry Coué, président de la FNSEA Bretagne et éleveur à Tréal ou bien encore Franck Pellerin, secrétaire général adjoint de la FDSEA…

Mais derrière l’aspect local du problème, c’est bien la détresse du monde agricole et en l’occurrence, à Missiriac, celle des producteurs de lait qui a été posée. Et souvent d’une façon poignante. « Avant avec 400 000 litres de lait j’arrivais à vivre avec mon père de l’exploitation. Aujourd’hui avec 540 000 litres je n’y arrive, je croule sous le travail et ai détriment de la vie de famille. Pour y arriver, il faudrait que je produise 700 000 litres de lait. Jusqu’où on va aller comme ça…. », s’exclame un des producteurs. Comme prévue cette manifestation s’est déroulée sans débordement, mais dans une ambiance malgré tout très tendue.

Alors, sur la différence de prix locale, difficile de rentrer dans les détails très techniques, mais schématiquement SODIAAL explique qu’elle fait varier le prix d’achat en fonction de ses besoins saisonniers et que ramené à la moyenne annuelle, ses prix sont du même niveau que les autres collecteurs privés. Une explication qu’entendent les producteurs mais qu’ils relativisent en pointant du doigt la mise en place d’une tarification à deux voire trois niveaux. Et c’est l’une de leurs revendications que SODIAAL -qui est aussi leur outil puisqu’ils en sont coopérateurs- ne pratique qu’un seul niveau de prix.

Mais pour comprendre le problème qui se pose à Missiriac, il faut prendre de la distance et évaluer la situation au niveau mondial. Aujourd’hui plusieurs phénomènes conjoncturels s’additionnent. L’embargo russe prive la France d’un débouché énorme, la Chine qui semblait un marché porteur tourne au ralenti et enfin la fin des quotas laitiers bouleverse le marché. Car si la production française n’a pas évolué, par contre certains pays ont « ouvert les vannes ».

La conjugaison de ces phénomènes se traduit par une plus grande quantité de lait sur un marché qui n’en consomme guère plus. Le cercle vicieux est enclenché qui tire les prix vers le bas. Les débouchés sont de trois ordres : la grande distribution pour 40 % mais aussi la Restauration hors foyer (40% également),  c’est à dire le marché des grossistes, et globalement des restaurations collectives, les 20 % restant étant destinés à la production industrielle. Or, c’est le domaine de la Restauration hors foyers qui  pose problème. Car dans ce domaine les acheteurs sont soumis aux règles des appels d’offre qui compte-tenu de la concurrence internationale, sont peu favorables aux produits français. C’est l’un des points les plus contestés par les producteurs qui demande que des mesures soient prises pour équilibrer ces règles en intégrant par exemple la notion de développement durable dans le calcul du prix. En deux mots, au lait produit à l’étranger il faudrait ajouter le coût du transport en carbone…

Finalement après près de 2 heures de discussion, les représentants de la laiterie et les producteurs sont tombés d’accord sur un point : il est nécessaire qu’ils fassent cause commune pour faire remonter la réalité du terrain au sommet de l’Etat et surtout ils estiment que le problème ne pourra se régler que s’il y a une réelle volonté politique. Et les producteurs dont on sent bien qu’ils sont au bout du rouleau sont prêts à mener des actions pour sensibiliser les politiques à leurs difficultés. D’ailleurs, les représentants des syndicats agricoles n’ont pas caché que de nouvelles opérations pourraient avoir lieu dans les prochains jours. Pour certains la durée de vie de leur exploitation se mesure en jours. Alors, ils ne veulent plus, ils ne peuvent plus attendre…

Demain, retour en vidéo sur cette manifestation

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