Une révolte mêlée d’inquiétude… Patrick Le Diffon, maire de Ploërmel et président de Ploërmel communauté, ne décolère pas après les déclarations de Paul Anselin mettant en cause l’action de la municipalité en faveur des Aciéries. « Je suis en colère parce que c’est faux. Il n’y a aucun retard dans le dossier des Aciéries. Mais le problème, c’est que le fait de répéter de tels propos, c’est prendre le risque de faire échouer le dossier. Il faut une certaine discrétion pour travailler avec efficacité… », insiste Patrick Le Diffon à qui nous avons demandé de mettre à plat ce dossier afin d’y voir plus clair.
Les infos du Pays Gallo. Pouvez-vous retracer l’historique de ce dossier des Aciéries, en tous cas les dates clés
Patrick Le Diffon. La direction de la Fonderie avait exprimé dès les années 2000 le souhait de déménager. En 2009, il y a eu un déménagement partiel de l’activité, puis les choses en sont restées là jusqu’à la fin de l’année dernière où le nouveau directeur Hervé Catros a relancé le projet de déménagement du four estimant que c’était essentiel pour maintenir l’activité, conforter l’entreprise. J’admets que c’est indispensable pour le maintien et la performance de l’outil de production.
Quel est dans les grandes lignes, la nature de ce projet?
-Il s’agirait de déplacer le four actuel ou plus exactement de construire un nouveau bâtiment et d’y installer un ou deux fours mieux dimensionnés et utilisant des technologies moins gourmandes en énergie. C’est un gros dossier qui comporte la réalisation d’un bâtiment dédié et de nouvelles machines pour lequel il faut trouver des financements. C’est pour cela que la Fonderie s’est tournée vers la Région et la communauté de communes… Ploërmel communauté était notamment sollicitée pour contribuer au portage de la construction du bâtiment selon le principe que le loyer aurait couvert l’investissement.
« Un estimatif largement
sous évalué »
Paul Anselin vous reproche votre absence à une réunion organisée en juillet 2016…
-Je n’étais effectivement pas présent à ce rendez-vous puisque la convocation était arrivée la veille. Lors de cette réunion Paul Anselin a estimé que le coût de ce bâtiment serait de 2 millions d’euros, estimatif effectivement repris dans le compte-rendu de ladite réunion sous l’intitulé « bâtiment relais ». Mais, suite à nos discussions avec les Aciéries, nous avons appris que le besoin en bâtiment était de 4 000 m². Compte tenu de l’expérience de la collectivité et des dernières constructions industrielles réalisées par elle, il nous a paru que ledit estimatif du conseiller technique Paul Anselin, était largement sous-évalué. Nous avons donc sollicité les Aciéries pour obtenir un cahier des charges nous permettant de réaliser un pré-chiffrage. Ce cahier des charges, nous l’avons obtenu fin novembre 2016. Nous avons donc de nouveau rencontré les Aciéries au mois de janvier pour leur annoncer que le pré-chiffrage auquel nous aboutissions, bien qu’incomplet, car ne pouvant prévoir tous les réseaux fluides internes au bâtiment et spécifiques à l’activité, se montait déjà à la somme minimale de 3 millions et demi d’euros, soit pour un bâtiment complet le double de l’estimatif du conseiller technique…
A cette même réunion, les Aciéries nous ont indiqué qu’ils allaient préciser et sans doute réduire le besoin en bâtiment, que pour ce faire, il leur fallait désigner un bureau d’étude parce qu’ils n’avaient pas la compétence en interne.
« Il est urgent de prendre
le temps de la réflexion »
Où en êtes-vous aujourd’hui?
-Nous nous sommes déjà engagés sur le principe d’une aide, lors d’une réunion organisée à la préfecture le 7 décembre 2016, engagement que nous avons confirmé par écrit le 9 décembre (voir copie du courrier en cliquant ici). Cela montre bien que la communauté de communes est loin d’être en retard sur le dossier. De toutes façons, le plan de développement des Aciéries prévoit l’utilisation de ce bâtiment pour 2020, il n’y a donc aucune urgence…
Mais ce qu’il faut désormais, c’est avoir un chiffrage précis. Je dois veiller au bon usage de tout euro d’argent public… Pour l’instant, on est dans des chiffres qui varient entre 2 et 5 millions d’euros, ce n’est pas rien… D’autant que cette entreprise intervient sur des marchés difficiles, fortement concurrencée par les producteurs asiatiques et donc à marges très réduites. Donc avant d’engager l’entreprise d’une part et la collectivité de l’autre, dans un investissement lourd à assumer financièrement à l’avenir, il est plus que nécessaire de réfléchir. Et nous devons prendre le temps d’examiner tous les aspects du dossier et bien mesurer les conséquences des décisions que nous allons prendre…
Nos administrés doivent bien avoir conscience que nous travaillons sérieusement. Je n’admets pas que Monsieur Anselin, joue les donneurs de leçons compte tenu de ses expériences passées. Je pense notamment au dossier de la « tréfilerie » autrement appelée forge de Saint-Armel, installé à la Baluyère dans les années 80. A l’époque, la commune était passée tout près de la rupture de paiement et de la mise sous tutelle. Il me semble donc urgent de prendre le temps de la réflexion.
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