C’est une bonne nouvelle pour tous les occupants de logements en mauvais état et notamment sur le plan énergétique. L’Opération programmée d’amélioration de l’habitat est prolongée de deux ans sur le territoire de la CCVOL. La précédente est arrivée à son terme le 31 décembre dernier et la nouvelle qui vient d’être signée est rétroactive au 1er janvier 2015. C’est aussi une bonne nouvelle pour le tissu économique local. La précédente charte avait permis de réaliser 5,8 millions d’euros de travaux dont les artisans locaux ont bénéficié. Vingt-sept d’entre eux étaient signataires d’une charte qui en faisaient des partenaires privilégiés de cette opération.
La nouvelle charte qui vient d’être lancée devrait concerner 200 logements et générer 2,8 millions d’euros de retombées pour l’économie locale. Sans entrer dans les détails, cette opération donne la possibilité aux propriétaires de logements de plus de 15 ans de bénéficier d’aides importantes dans trois cas différents : économies d’énergie, travaux de maintien à domicile, de lutte contre l’habitat indigne. Le prolongement de cette OPAH sur le territoire de la CCVOL est une chance, car elle ouvre droit à des financements de l’ANAH (agence nationale pour l’habitat). Et ce n’est pas le cas de tout le monde. Ainsi La Gacilly n’aura pas de budgets ANAH en 2015 et donc pas d’aides…
Reste que tout n’est pas rose, comme on a pu le constater lors d’une récente réunion à la CCVOl à laquelle étaient conviés les artisans qui jouent un rôle prépondérant dans ce dispositif. Pas seulement parce qu’ils réalisent les travaux mais aussi parce que sont souvent les premiers interlocuteurs des bénéficiaires potentiels de ce dispositif.
Disons le tout net : le plus gros obstacle à la réussite de ces opérations est aussi son plus gros avantage. Et il porte un nom : l’ANAH. Car si cette agence distille les aides de l’Etat qui soulage considérablement les bénéficiaires, par contre c’est une structure que l’on pourrait ranger au rayon des « machins » que désignait le Général de Gaulle.
Et les exemples concrets n’ont pas manqués, lors de cette réunion. On peut d’abord rappeler la situation ubuesque de 2014 qui a vu se développer une énorme campagne incitant les habitants à réaliser des travaux, alors qu’au mois de juin, les caisses de l’ANAH étaient vides. Et puis, c’est surtout le sentiment d’avoir affaire à un interlocuteur ingérable qui revient le plus souvent. Ainsi, au 8 avril dernier il n’y avait toujours pas eu de réunion de la commission de programmation de l’ANAH pour 2015, font observer les artisans. « Il y a des dossiers qui attendent des réponses des mois, voire une année entière… », explique l’un d’entre eux, citant le cas d’une de ses clients qui est restée un an sans chauffage, faute de réponse et qui finalement a fait installer une chaudière classique. « On n’a aucune prise, encore moins depuis que le conseil départemental n’est plus délégataire… », reconnait Gonzague Lamblin du Pact HD de Vannes. « On constate tous ces attentes. Non n’est jamais sur des montants qui seront attribués. Mais nous devons faire avec, on n’a pas le choix… », ajoute Alain Launay le président de la CCVOL. Les artisans dénoncent unanimement cette situation, mais aussi l’avalanche de normes, de réglementation qui les assomme. Désormais, ils doivent acquérir un label presque pour chacune de leur spécialité : qualibat, qualisol, RGE… « J’ai participé à un stage RGE, on était douze professionnels et on était tous du même avis, ce qui est rare : on n’apprend rien. En fait on paye 700 euros pour s’assoir autour d’une table. Toutes ces normes nous tuent… », dénonce un artisan.
Un excès de normes que dénonce aussi Alain Marchal, vice-président de la CCVOL. « On estime que les normes représentent un surcoût de 30 % sur un chantier. C’est pas ça qui va répondre aux besoins de logement. Il faudrait mieux avoir moins de réglementation et plus de subventions… », rétorque-t-il.
Mais ce n’est pas la seule difficulté à laquelle les artisans se trouvent confrontés. Car ce sont bien eux qui doivent expliquer à leurs clients potentiels comment cette machine complexe fonctionne. « Si on doit passer deux heures pour expliquer comment ça marche, on s’en sort pas… », insiste l’un d’eux. Un avis que partage Alain Launay : « il faut vraiment que l’on travaille en amont, sinon c’est très compliqué pour les gens. Déjà, le fait de s’engager dans des travaux comme ça, c’est pas facile, mais en plus comprendre comment faire les démarches, c’est très difficile ». Un constat partagé par Alain Marchal qui insiste pour que les dossiers soient « vraiment bouclés ».
Le forum des artisans qui se déroulera à l’automne prochain devrait déboucher sur la mise en place d’un véritable réseau d’artisans permetant d’optimiser le fonctionnement du processus.
Attention aux arnaques!
On le voit, tout ce dispositif est complexe et laisse la porte ouverte à des abus. C’est ce que souligne Alain Marchal en évoquant les appels téléphoniques que l’on reçoit entre midi et 14 heures proposant des solutions alléchantes. « Ce sont des gens qui s’engouffrent dans le créneau. Or la plupart du temps, leur proposition coûte trois fois plus cher en matériel que le chantier fournitures et pose comprise fait par un artisan », prévient le maire de Sérent.
Moralité : avant de prendre toute décision, téléphonez à la CCVOL. Les techniciens vous renseigneront ou vous orienteront vers les services les mieux adaptés à votre situation.
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