Morbihan. Crédit Mutuel : des milliers de bonnets rouge et gris à Brest

Un vent de fronde souffle sur le Crédit Mutuel Breton. Ou plus précisément sur un groupe de trois fédérations régionales, la Bretagne, le sud-ouest, le Massif central. Ainsi des milliers de manifestants sont attendus dimanche dans les rues de Brest pour dénoncer une tentative de prise de contrôle qui menace l’emploi. Leur détermination est confortée par une décision du tribunal de grande instance de Paris qui va dans leur sens

Pour comprendre ce qui se passe, il faut prendre un peu de recul. Le Crédit Mutuel, ce sont 18 fédérations réparties en France. Onze d’entre elles sont fédérées par le Crédit Mutuel de l’Est (baptisé CM11-CIC) qui possède également le CIC, quatre (Nord-Europe,Maine-Anjou, Océan et Antilles-Guyane) sont indépendantes mais utilisent le réseau informatique du CM11 et enfin trois (Bretagne, sud-ouest et Massif central) sont regroupées sous la marque Crédit mutuel Arkéa.

Or le Crédit Mutuel Arkéa accuse le Crédit Mutuel de l’Est de mener à son égard une tentative de prise de contrôle hostile qui marquerait la fin de son autonomie. « Le CM11-CIC utilise aujourd’hui le prétexte de la supervision par la Banque Centrale Européenne pour prendre le contrôle du Crédit Mutuel Arkéa, via une réforme de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel refusée par nos actionnaires », explique Anne-Katell Quentric, Porte parole du collectif Vent Debout pour l’Emploi. Car les salariés, les administrateurs, des syndicalistes, des élus bretons se sont regroupés dans ce collectif pour s’opposer à cette opération qui, selon eux, menace gravement l’emploi et plus généralement l’activité économique bretonne.

L’absorption du groupe Arkéa par le Crédit mutuel de l’Est (présent en Bretagne via le CIC) se traduirait par des doublons, qui pourraient se traduire par des milliers de suppressions de postes. « On se bat contre ça. Des employés ont déjà vécu des fusions qui ont toujours eu un impact sur l’emploi », ajoute Anne-Katell Quentric.

Une vraie spécificité régionale

« Pour deux emplois au Crédit Mutuel Arkéa, un emploi est créé en Bretagne. La France et la Bretagne peuvent-elle se permettre de mettre en risque des milliers d’emplois alors que le Crédit Mutuel Arkéa est solide et en pleine santé financière », s’inquiète le collectif qui rappelle que « autonome depuis toujours, le Crédit Mutuel Arkéa est le seul établissement bancaire en France avec ses centres de décision en région. Il est à la pointe de l’innovation dans les services financiers, via nos filiales : Fortunéo, Leetchi et partenariats avec Blablacar, le Compte Nickel, Prêt d’Union, etc… »

Le collectif demande à Manuel Valls de suspendre la réforme qui est en cours et plusieurs actions en justice sont engagées dont une vient de donner raison au groupe breton. Et cette cause suscite une très large mobilisation en Bretagne où le Crédit Mutuel Arkéa est très imbriqué dans le tissu local. Avec 9 000 salariés, dont 3 600 dans le Finistère et 6 000 en Bretagne. « C’est le 3e employeur privé de la région, la banque d’un breton sur 2, de 2 entreprises sur 3 et de 2 associations sur 3, il fait partie du patrimoine breton », affirme le collectif. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les manifestants attendus dimanche à Brest porteront des bonnets « rouges et gris » Vent Debout, symboles de la solidarité et de la détermination bretonne.

La justice bloque la réforme

Le TGI de Paris a donc annulé, mardi les décisions prises en octobre par la confédération nationale au motif que celles-ci auraient du l’être à l’unanimité et non à la simple majorité. Du coup, une autre assemblée générale extraordinaire prévue aujourd’hui mercredi dans le cadre de cette réforme est annulée. Cette décision démontre pour le Crédit Mutuel Arkéa l’irrégularité de la réforme. Il demande que les pouvoirs publics reconnaissent « l’existence de deux groupes bancaires autonomes et concurrents ».

La manifestation de dimanche est « ouverte à tous ». Le rendez-vous est fixé à 14 heures le 24 janvier à Brest, Place de la Liberté. Des cars sont affrétés pour amener les manifestants sur place (un départ est prévu depuis Ploërmel). Il y aura un défilé dans les rues, des prises de parole et une dégustation de paté Henaff devrait clôturer la journée.